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L’hormonothérapie fait partie des traitements utilisés pour lutter contre le cancer. Elle concerne essentiellement les tumeurs hormonosensibles. Parmi ces tumeurs, les plus représentatives sont les cancers du sein et de la prostate. Mais elle peut être utilisée dans une moindre mesure dans les cancers de l’endomètre, de la thyroïde de la surrénale (neuroendocriniens), du pancréas endocrine et des parathyroïdes.

Historique

L’historique de la découverte de l’hormonothérapie remonte à 1896 par Sir George Thomas Beatson. Celui-ci a observé une rémission complète après l’ablation des ovaires chez deux femmes atteintes d’un cancer du sein inopérable. Antoine Lacassagne a découvert en 1932 une augmentation de la fréquence du cancer du sein chez les souris après injection d’œstrogènes. En 1941, Charles Breton Higgins a démontré de l’efficacité de la castration médicale et chirurgicale dans le cancer de la prostate.

Principes de l’hormonothérapie

Les tumeurs hormonosensibles sont des tumeurs dont les cellules croissent plus rapidement sous l’influence d’une hormone spécifique (ex : œstrogènes pour le cancer du sein et testostérone pour le cancer de la prostate). L’objectif de l’hormonothérapie est de supprimer l’action de certaines hormones afin d’empêcher la division cellulaire et la croissance tumorale.

Cancer du sein et hormonothérapie

Dans le cancer du sein, les récepteurs hormonaux (aux œstrogènes et à la progestérone) sont présents sur les cellules tumorales, on peut utiliser une hormonothérapie.
Il existe différents moyens d’agir sur le signal hormonal (Tableau I) :
• les antagonistes de la LH-RH agissent au niveau de l’hypothalamus (une partie du cerveau) ce qui empêche la production d’œstrogène au niveau des ovaires.
• le tamoxifène ou le fulvestant bloque le récepteur aux œstrogènes.
• les inhibiteurs de l’aromatase sont utiles après la ménopause ou si on utilise un antagoniste de la LH-RH. Ils empêchent la transformation des androgènes produits par les glandes surrénales en œstrogènes.

Tableau I. Traitement hormonal du cancer du sein

Classe Molécules
SERM (anti-œstrogènes) Tamoxifène
SERD (anti-œstrogènes) Fulvestrant
Inhibiteurs de l’aromatase Anastrozole, Exemestane, Létrozole
Analogues de la LHRH Goséréline, Triptoréline
Progestatifs (1) Acétate de médroxyprogestérone, Acétate de mégestrol

SERM, selective estrogen receptor modulator ; SERD, selective estrogen receptor downregulator.
(1) indiqués uniquement dans le traitement du cancer du sein métastatique.

Cancer de la prostate et hormonothérapie

Pour le cancer de la prostate, le principe est le même (Tableau II) il faut empêcher la testostérone d’atteindre les cellules tumorales :
• on peut procéder à l’ablation chirurgicale de la partie interne des testicules qui produit les hormones (pulpectomie) mais le plus souvent on utilise des agonistes ou des antagonistes de la LH-RH ce qui bloque la production d’hormones par les testicules.
• Le blocage des récepteurs : les anti-androgènes.
• l’abiratérone inhibe la production d’androgènes par les glandes surrénales.

Tableau II. Traitement hormonal du cancer de la prostate

Classe Molécules
Les analogues de la LHRH Buséréline, Goséréline, Leuproréline, Triptoréline
Les antagonistes de la LHRH* Dégarelix
Les anti-androgènes 1ère génération :
Acétate de cyprotérone, Bicalutamide, Flutamide, Nilutamide
2e génération(2) :
Acétate d’abiratérone, Enzalutamide

* indiqué dans les formes localisées
(2) indiqué dans les formes avancées ou métastatiques

Effets secondaires de l’hormonothérapie

La castration

• Bouffées de chaleur, perte de la libido, troubles psychologiques.
• Chez les femmes : sécheresse vaginale, arrêt des règles, prise de poids, ostéoporose précoce, risque d’athérome plus précoce (coronaire).
• Chez les hommes : ostéoporose, avec certains types de traitement l’effet « flare-up » correspondant à une exacerbation des symptômes.

Le blocage des récepteurs

Les anti-œstrogènes

• Action générale : bouffées de chaleur, rétention hydrosodée, prise de poids.
• Action sur la sphère gynécologique : prurit vulvaire, sécheresse vaginale, kystes ovariens, leucorrhées, métrorragies, cancer de l’endomètre.
• Action sur la sphère vasculaire : risques thromboemboliques.
Mais, certains effets peuvent être bénéfiques comme l’absence d’ostéoporose et de dyslipidémie.

Les anti-androgènes

• Baisse de la libido, la dysfonction érectile, bouffées de chaleur, sueurs, alopécie, nausées, douleurs abdominales, gynécomastie.

Inhibition de la synthèse des œstrogènes : inhibiteurs de l’aromatase

• Action générale : bouffées de chaleur, rétention hydrosodée, prise de poids, raréfaction des cheveux…
• Troubles psychologiques
• Action sur le système musculo-squelettique : arthralgies, myalgies, décalcification, ostéoporose.
• Action sur la sphère gynécologique : troubles de la libido, sécheresse vaginale.
• Action sur le système cardiovasculaire : dyslipidémie.